Initiative de réappropriation climatique

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Déployer la pompe biotique

🌿🌦️ Comment mettre en œuvre la pompe biotique à l’échelle territoriale pour augmenter la pluviométrie de votre région ?🌳🌧️

Dans la leçon inaugurale de Nathalie De Noblet à l’Ecole supérieure des agricultures, la bioclimatologiste décrypte les rétroactions entre occupation des sols et climat. La chercheuse française montre comment ensemencer la pluie grâce à la végétation, afin qu’elle précipite plus loin et génère un système vertueux.

Elle cite un exemple documenté en Californie. L’objectif était de reverdir une colline en plantant des arbres irrigués dans une vallée. Les vents dominants allant de la vallée vers la colline, l’évapotranspiration accrue de ces nouveaux arbres s’est alors dirigée vers la colline avant de s’y condenser et de précipiter. Cela a permis à la végétation de croître sur la colline. Une partie de cette pluie supplémentaire a ruisselé vers la vallée, diminuant ainsi l’irrigation.

Les conditions pour utiliser cette approche de manière méthodique sont :

☁️ la première zone végétalisée est située à côté de flux d’humidité conséquents

🌬️ la seconde zone, où l’on souhaite améliorer les flux d’humidité, doit se trouver sous le vent de la première

🌧️ ainsi, les vents dominants se chargent d’humidité dans la première zone et les précipitations augmentent dans la seconde

Nathalie De Noblet, co-auteure du rapport sur l’état des sols du GIEC de 2019, insiste sur le caractère non local de cette action. Un projet déployé dans un lieu donné bénéficie à un territoire plus vaste. Notre projet s’inscrit dans la même démarche : mailler les territoires d’autoroutes de la pluie. L’aménagement du territoire pensé de manière systémique permet d’en améliorer la résilience à plusieurs échelles.

Ces considérations font écho à l’approche décrite dans notre post sur l’amélioration ciblée des précipitations (“targeted rainfall enhancement”, TRE), qui devrait guider la réflexion de tous projets de reforestation, et plus généralement de toute évolution sensible de l’usage des sols.

On le voit, il n’est pas nécessaire de disposer d’un potentiel d’évapotranspiration tel que celui de l’Amazonie pour impacter positivement le climat. Déployer ce type de démarche permettrait d’atténuer la tendance à la désertification du pourtour méditerannéen,. A condition de miser sur des solutions fondées sur la nature plutôt que sur le techno-solutionnisme (voir notre post sur les services rendus par les zones humides littorales et leur coût comparé à celui du dessalement de l’eau de mer).

Le passage sur l’augmentation localisée et volontaire de la pluviométrie est accessible à la 45ème minute de la conférence de Nathalie De Noblet.

Les images illustrant ce post et la vidéo proviennent de l’étude “Induced precipitation recycling (IPR): A proposed concept for increasing precipitation through natural vegetation feedback mechanisms “, publiée en 2016. Cette étude aborde le rôle potentiel des forêts et du couvert végétal comme outil d’adaptation.

Les zones humides littorales, un enjeu pour l’eau, la biodiversité et le climat

Au cours du dernier siècle, le niveau moyen de la mer 🌊 a déjà augmenté de 20 cm. En 2050, ce sera au moins 15 cm de plus (scénario intermédiaire du GIEC à +2°).

Par ailleurs, il n’aura échappé à personne que le régime hydrologique 🚿 habituel, en grande partie basé sur des stocks montagne (neige ❄️, glace 🧊), se dérégule et s’effondre. 

Dans ce contexte, plusieurs facteurs favorisent les précipitations : 

🌡️ L’élimination des points chauds 

🟩  La continuité végétale 

🟦 L’aménagement des cours d’eau

🏖️ L’aménagement des côtes

Les zones humides littorales (voir l’étude Revue géographique des pays méditerranéens n° 215 de 2015 : Dynamiques des zones humides littorales et enjeux de gestion en Méditerranée et un Guide de l’Observatoire du littoral) constituent donc un enjeux essentiel, car elles sont un tampon entre la terre et la mer. Elles agissent comme une protection 🚧 contre l’entrée de l’eau salée dans les terres mais également comme récupérateur du ruissellement des plaines côtières. Ce sont également des zones de production économiques importantes pour des activités traditionnelles (pisciculture 🐟 🦐, marais salant 🧂, pré salés 🐑, conchyliculture 🦪, production d’algues et de salicorne 🥗), auxquelles s’ajoutent désormais la production d’énergie ⚡ et d’eau douce 🍸. Enfin, ce sont également des espaces privilégiés pour la biodiversité, et en particulier les espèces migratrices qui y trouvent des aires de passage.

En Europe, les formes les plus courantes sont l’étang, le marais et le pré salé. En zone tropicale, on trouve également les mangroves (voir le Guide pratique de production et de plantation des espèces de mangrove au Bénin et se l’ouvrage Mangrove ; une forêt dans la mer, 2018) dans lesquelles poussent des palétuviers.

Les palétuviers (ce nom vernaculaire désigne près de 25 arbres différents) sont des plantes halophytes et hydrophiles. Cela veut dire qu’ils supportent le sel et l’immersion. A ce titre, ils n’ont pas d’équivalent en zone tempérée, où les quelques arbustes halophytes (comme le tamaris) sont plutôt des plantes frustres. Outre le fait qu’une forêt de palétuviers est un obstacle aux fureurs de l’océan, un hectare de ces arbres transpire jusqu’à 30m3 d’eau par jour, ce qui est plus qu’une forêt de feuillus.

Ainsi, la zone humide littorale devient un moyen de dessaler l’eau de mer pour l’injecter dans l’atmosphère à proximité des côtes. Certains ont même envisagé de  la récupérer sous forme liquide. A titre de comparaison, l’usine de dessalement d’El Prat del Llobregat près de Barcelone, qui fournit 60000 m3 d’eau par ans pour seulement 180 MWh, a couté, en 2007, 230 M d’euros.

Pour toutes ces raisons, nous estimons que la recherche sur les plantes halophytes et le réaménagement des littoraux devrait être une priorité.

L’image d’illustration est « Ilôt de palétuviers au Philippines après le passage du typhon RaI en 2021 » (wikimédia)

L’impact climatique des coupes rases

🌳🌧️ Les coupes rases ont-elles un impact direct sur notre climat ? 🪓☀️

En France, la pratique des coupes rases en sylviculture suscite la polémique, à mesure qu’on comprend l’importance de l’arbre et du sol, grâce notamment à des associations comme @Canopee.

Une vaste étude parue en juin 2023 Expertise collective CRREF “ Coupes Rases et REnouvellement des peuplements Forestiers en contexte de changement climatique ” synthétise les connaissances sur ces pratiques. Le chapitre “Effets sur le milieu physique” évalue les impacts climatiques des coupes rases. Avant d’examiner ceux-ci, voici une liste (non-exhaustive) des conséquences des coupes rases :

➡️Les propriétés hydrodynamiques du sol sont perturbées

➡️ Avec la diminution de l’évapotranspiration, la teneur en eau du sol augmente (10 à 66 % en moyenne sur une épaisseur de sol allant de 25 à 50 cm) 

➡️ Le niveau de la nappe phréatique peut remonter sensiblement

➡️ Le ruissellement et l’érosion augmentent de 47% et 700% (d’après l’analyse de 155 bassins versants)

➡️ La fertilité des sols est très perturbée, notamment suite à une “rupture abrupte du cycle biologique et des modifications du pédoclimat”

➡️ Le stock de carbone dans les sols diminue

➡️ La biodiversité est très perturbée

En matière de climat, les coupes rases augmentent le rayonnement solaire diurne, les pertes radiatives nocturnes “ce qui accroît les amplitudes quotidiennes et saisonnières des températures de l’air proche du sol, et du sol en surface.” Selon la taille de la surface concernée, l’impact varie (surtout pour les coupes supérieures à 0,25 ha). 

Les impacts climatiques sont importants : “le microclimat sur les berges d’une rivière proche d’une coupe rase est modifié pendant plusieurs années, même si la lisière nouvellement créée se situe à plusieurs dizaines de mètres du cours d’eau. […] Lorsque la taille d’une trouée est supérieure à deux à trois fois la hauteur de l’arbre, les risques de chablis lors des tempêtes augmentent considérablement, d’un facteur 3 environ.” (voir notamment le post  » Quel est l’impact des forêts d’Europe occidentale sur la formation de la couverture nuageuse ?« 

“Les coupes rases de très grandes tailles (> 10 000 ha) (des coupes sanitaires après des tempêtes extrêmes dans le contexte français) peuvent modifier également le climat régional du fait d’une modification brutale d’indice foliaire, d’albédo et de rugosité, dont la combinaison peut induire une augmentation ou une baisse d’ennuagement et de précipitations selon la disponibilité en eau.” 

Les études sur l’Amazonie documentent ces impacts aux échelles régionales et mondiales. Si, en France, il n’y a pas de coupes rases de cette taille sans raison sanitaire, la multiplication de coupes rases de taille moyenne a forcément un effet délétère et immédiat sur notre climat.

Il est donc critique que ces pratiques soient proscrites. Et l’arbre agricole permettrait de compléter la production sylvicole et de protéger un climat bien fragile en France. 

La végétalisation provoque l’effet inverse de celui des coupes rases, il est temps de s’y mettre !

La pluie ne connait pas les frontières politiques

🌧️🇨🇳 La pluie en Chine dépend-elle de la façade Atlantique française ? 🇫🇷🌳


Les écosystèmes sont interdépendants. La pluie n’a que faire de nos frontières politiques.

Ainsi, l’étude “Origin and fate of atmospheric moisture”, de Rudi J. van der Ent et al., parue en 2010, examine les dynamiques de l’humidité atmosphérique afin de comprendre dans quelle mesure les précipitations continentales dépendent du recyclage de l’humidité.

Ainsi, “l’humidité qui s’évapore du continent eurasien est responsable de 80 % des ressources en eau de la Chine. En Amérique du Sud, le bassin du Río de la Plata dépend de l’évaporation de la forêt amazonienne pour 70 % de ses ressources en eau. La principale source de précipitations dans le bassin du Congo est l’humidité évaporée sur l’Afrique de l’Est, en particulier dans la région des Grands Lacs. Le bassin du Congo, à son tour, constitue une source majeure d’humidité pour les précipitations au Sahel.

On le voit, les interdépendances sont multiples à l’échelle globale et le cycle de l’eau dépend étroitement du recyclage des précipitations continentales. Compte-tenu de l’importance de la végétation dans le processus de recyclage des précipitations, on comprend aisément que les projets de boisement et de restauration écologique dans une région donnée vont impacter directement la pluviométrie de zones plus ou moins proches. Et a contrario, modifier massivement l’usage du sol (c-a-d raser des forêts, retourner des prairies permanentes ou drainer des zones humides) aura des impacts critiques dans des zones situées sous le vent.

La carte illustrant ce post, issue de l’étude, démontre ce caractère critique pour une grande partie de l’Amérique du Sud, mais surtout pour l’est de l’Eurasie. Ainsi, la Mongolie, pays fortement enclavé, dépend presque entièrement du recyclage des précipitations.

Peut-être serait-il temps que les États se saisissent de ce sujet de manière transnationale. Plusieurs grandes agences de l’ONU sont déjà sensibilisées à ces interdépendances, mais il est souhaitable qu’une agence dédiée soit créée pour gérer cette thématique, où considérations locales et globales sont en étroite dépendance.

L’Autoroute de la Pluie s’affaire à médiatiser ce sujet, à marteler l’importance de la photosynthèse pour éviter les sécheresses. Nous souhaitons participer à déployer des corridors végétaux à large échelle pour renforcer les réseaux de recyclage de l’humidité atmosphérique.

Pour cela, nous avons besoin de toutes les forces vives. Pensez-vous qu’une telle approche, profondément proactive et positive, peut voir le jour rapidement ?

Amélioration de la disponibilité en eau grâce au boisement

📖🌳 Une étude parue en janvier 2024 s’intéresse à la manière dont le boisement permettrait de soutenir la dynamique des pluies. 🌳🌧️

Les scientifiques prennent de plus en plus en compte l’impact de la végétation sur la disponibilité en eau et l’étude “Targeted rainfall enhancement as an objective of forestation” dresse un panorama de ces recherches.

Les auteurs, Arie Staa, Jolanda Theeuwen, @Nico Wunderling, @Lan Wang-Erlandsson et Stefan Dekker, sont pour la plupart en poste aux Pays-Bas, un pays en pointe dans la compréhension des interactions entre végétation et précipitations. Ces capacités néerlandaises en génie écologique s’expliquent probablement par l’histoire de ce pays qui s’est construit largement sur la mer.

Les chercheurs développent le concept prometteur de “TRE” pour “targeted rainfall enhancement” (“amélioration ciblée des précipitations”), précisant qu’ils vont “plus loin que la littérature existante en arguant que – en plus d’autres considérations telles que les effets sur la biodiversité – il commence à devenir possible de prendre délibérément en compte les effets non locaux, spatialement explicites, du reboisement sur les précipitations dans la priorisation holistique du reboisement. et les évaluations de la vulnérabilité au changement climatique à l’échelle mondiale.” 

Cette position fait écho à notre approche. Nous espérons d’ailleurs faire caisse de résonance sur ce sujet, pour que décideurs politiques et économiques prennent en compte la biosphère et cessent de penser qu’on peut compenser à court terme en plantant ici ce qu’on rase par là.

Plusieurs grands enseignements ressortent de cette étude exhaustive.

🌧️ Un suivi des réseaux de recyclage de l’humidité est nécessaire pour comprendre la complexité du cycle de l’eau, notamment la condensation. Il est rendu possible par les améliorations récentes du suivi de l’humidité atmosphérique à des échelles fines.

🌳 La plantation d’arbres peut être utilisée pour améliorer les précipitations locales, en plus de son impact à l’échelle non locale

🌿 Des corrélations positives ont été mises en lumière entre l’indice de surface foliaire cumulé (LAI) et précipitations

🌍 Le verdissement récent constaté sur la surface terrestre a déjà entraîné une légère augmentation annuelle de l’apport en eau (voir l’étude)

🏞️ L’augmentation massive des forêts ne doit pas se faire au détriment des écosystèmes indigènes qui fonctionnent, tels que les prairies naturelles et les zones humides

Enfin, et surtout, un ciblage des régions du globe les plus propices à ce type de projet est proposé : le sud et l’ouest de l’Amazonie, le Mexique, l’est de la Chine et l’Europe méditerranéenne.

La zone que cible prioritairement l’Autoroute de la Pluie se situe à la confluence de deux réservoirs importants d’humidité, l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. Elle offre donc un potentiel important pour renforcer les réseaux de recyclage de l’humidité atmosphérique. Cela constitue donc une base stratégique avant d’étendre lesdits réseaux en Europe et sur la rive Sud de la Méditerranée.

Comment le boisement génère des nuages

🌲🌳 L’augmentation du boisement augmenterait sensiblement la couverture nuageuse de basse altitude, ce qui pourrait aider à refroidir la planète.☁️🌧️

Selon les résultats d’une étude, “pour 67 % des zones échantillonnées à travers le monde, le reboisement augmenterait la couverture nuageuse de basse altitude”, ce qui aurait des conséquences positives sur le cycle hydrologique et le climat.

Parue en 2021, l’étude “Revealing the widespread potential of forests to increase low level cloud cover” menée par Grégory Duveiller, Federico Filipponi, Andrej Ceglar et al. se base sur des observations de télédétection par satellite. Cette méthode vient compléter utilement les modèles climatiques, qui ne parviennent pas toujours à restituer la complexité des interactions terre-atmosphère, notamment pour comprendre la formation des nuages.

Selon les chercheurs, “les recherches suggèrent que, grâce à une rétroaction entre la génération des nuages ​​et son effet ultérieur sur le rayonnement entrant, les forêts ont tendance à favoriser l’établissement d’un équilibre entre les tendances de la température et de l’humidité, garantissant ainsi la pérennité de ces conditions de formation des nuages.” 

Dit autrement, les espaces forestiers créent et auto-entretiennent les conditions favorables à un ennuagement conséquent (voir notamment pour le lien entre climat et nuage notre post sur la répartition des nuages sur terre).
D’autres résultats de l’étude sont particulièrement instructifs :

➡️Les boisements ont tendance à augmenter davantage la couverture nuageuse d’une région durant sa période la plus chaude. Compte tenu des conditions extrêmes que nous vivons désormais l’été, ceci doit retenir l’attention de tous.

➡️ Moins intuitif: certains types de forêts de conifères auraient des effets plus importants sur la formation de nuage de basse altitude, ce qui viendrait contrebalancer une évapotranspiration plus faible que celle des feuillus. Les recherches sur ce sujet continuent et promettent des résultats passionnants.

Adoptant une attitude volontariste, les chercheurs appellent à ce que ces résultats soient utilisés par les décideurs politiques afin de concevoir et déployer d’ambitieuses politiques d’atténuation grâce à des solutions fondées sur la nature.

Ce dernier point fait tout particulièrement écho au projet de l’Autoroute de la Pluie. En effet, il est urgent de déployer partout où cela est possible des projets basés sur les services écosystémiques. Et comme il est nécessaire de conserver des terres cultivées, le déploiement à grande échelle de l’agroforesterie est vital pour protéger les sols et atténuer les extrêmes climatiques.

On a coutume de dire que le climat fait la plante mais ne devons-nous pas prendre l’habitude de dire que la plante fait le climat?

Condenser l’eau, c’est faire du vide

Condenser l’eau, c’est faire du vide, et par extension mettre en mouvement notre ⛅climat climat🌧️et nos éoliennes…

⬇️⬇️

En effet, l’eau lorsqu’elle est sous forme de vapeur occupe beaucoup plus de volume que sous forme liquide. A un litre de vapeur ne correspond qu’un millilitre de liquide. (Voir short vidéo de 20 secondes)

La contraction de volume induit du vide, de la dépression, de la place à prendre, ce qui conduit à un déplacement des masses d’air !

Ainsi, chaque fois que vous voyez une goutte de rosée, songez qu’un vide de 30 cm3 a été généré au moment du changement de phase.

Comme un écosystème stratifié peut condenser 3 mm par jour (y compris en période de canicule), chaque mètre carré peut générer un vide de 3 mètres cubes (à partir de la vapeur d’eau disparue). Et comme en général une très faible fraction de l’eau contenue dans l’air est condensée (de l’ordre du gramme), imaginez les masses d’air mises en mouvement par le processus…

Si vous aimez les belles  équations, la publication de la physicienne Russe Anastasia Makarieva permet de calculer avec une grande précision les vitesses de vents dans tous les points de l’espace en fonction du gradient de déshumidification.

Cédric Cabrol expose, après quelques règles de trois, que retirer un gramme d’eau (sur quinze grammes) par mètre cube sur une colonne horizontale et thermostatée de 100 km, permettrait d’expliquer la vitesse du vent d’Autant  🤙 !

🤗Et pour nous, cela constitue un point fondamental, car c’est le moteur de notre Autoroute de la Pluie!🛁💥

A l’heure où nous l’on nous parle de blocage anticyclonique et de masses d’air immobiles, ne nous appartiendrait-t‘il pas de faire de l’ombre en urgence pour redémarrer le siphon climatique ?

Les impacts climatiques de la perte de bocages

Cela fait bientôt 50 ans que l’on s’apitoie sur la situation des bocages. Mais quel est l’impact d’un point de climatique ?

“La destruction inconsidérée du bocage perturbe les équilibres biologiques essentiels, le lessivage des sols, l’érosion et les changements de microclimats prennent une ampleur jusqu’ici inconnue, irrémédiable.” Cette phrase d’une rare actualité provient d’une archive INA de 1975, qui s’intéresse à la situation dans le village de Gournay, dans les Deux-Sèvres. La vidéo est accessible ici : https://www.facebook.com/watch/?v=1037602723793896

Les témoignages recueillis démontrent la souffrance ressentie par la plupart des agriculteurs concernés par le remembrement, qui a dans ce cas essentiellement servi à l’extension de quelques grandes exploitations céréalières. Un éleveur caprin y décrit les surfaces remembrées comme des déserts pour ses chèvres en hiver tandis qu’un agriculteur fait valoir l’intérêt des haies pour protéger ses cultures des vents d’ouest et des hivers froids.

Un rapport d’avril 2023 du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et intitulé “La haie, levier de planification écologique” rappelle que 70% des haies ont disparu des bocages français depuis 1950. Le rapport peut être téléchargé ici: https://agriculture.gouv.fr/telecharger/136479

Cette dynamique doit s’inverser pour adapter les cultures aux effets du changement climatique. Car le bocage a l’immense avantage d’offrir une certaine inertie climatique, à la manière des océans, en protégeant les cultures tant du froid que du chaud. L’étude “Caractériser et suivre qualitativement et quantitativement les haies et le bocage en France”,https://www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2019-4-page-16.htm,  recense les services suivants rendus par les bocages:

👉 un rôle dans l’épuration de l’eau

👉 un rôle de séquestration de carbone

👉 un rôle de réservoir de biodiversité👉 un rôle paysager

On peut ajouter que le bocage permet de:

👉 freiner l’érosion et infiltrer l’eau

👉 favoriser l’évapotranspiration grâce à l’existence d’un écosystème stratifié

👉 capter la rosée

On pourrait également postuler qu’une généralisation des cultures bocagères permettra une augmentation liée de microclimats. Prises ensembles, ces myriades de microclimats pourraient avoir un impact macro sur le climat du territoire. Ce serait trop bête de ne pas essayer !

Les changements de pratiques agricoles sont plus que jamais nécessaires et bénéficieront à tous, à condition que les agriculteurs soient convenablement accompagnés dans cette transition.

L’illustration du post provient de l’excellent outil “Remonter le temps” de l’IGN qui permet de comparer des territoires à plusieurs périodes, disponible ici:
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-0.062248&y=46.149354&z=15&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&mode=doubleMap

Le mystère de la disparition des tempêtes de Méditerranée

🌪Pourquoi les orages d’été s’abattent-ils de moins en moins en Méditerranée ? 🌤

Cette question, Millán M. Millán, directeur du Centro de Estudios Ambientales del Mediterráneo (CEAM) se l’est posée dès 1992. Il est alors chargé d’enquêter sur la diminution des précipitations méditerranéennes par la Commission européenne. Pour lui, les changements massifs d’occupation des sols ont un impact critique sur le climat. Il résume ainsi son crédo : “l’eau engendre l’eau, le sol est l’utérus, la végétation est l’accoucheuse”.

Millán Millán a grandi dans le sud de l’Espagne. Enfant, il parcourait le maquis avec son père, guettant au loin un “nuage à un certain endroit le matin [qui] se déplacerait ailleurs l’après-midi, déclenchant une tempête de pluie”. Pour comprendre la disparition de ces orages estivaux, il a analysé des données météorologiques. Il a alors compris que les brises marines matinales manquaient d’un tiers de l’humidité nécessaire pour précipiter. L’humidité manquante venait auparavant des forêts côtières, qui ont été grandement altérées voire tout bonnement rasées, surtout depuis les années 1950. L’air marin chargé d’humidité n’est désormais plus alimenté par la végétation, il est même réchauffé par les surfaces artificialisées qu’il survole.

Rob Lewis, l’auteur de l’article “Millan Millan and the Mystery of the Missing Mediterranean Storms” synthétise :

❓Où sont passées les tempêtes d’été ?

👉 Elles sont parties, de même que les forêts, les sols et les zones humides.

 ❓ Pourquoi les tempêtes côtières s’aggravent-elles ?

👉 En partie à cause d’une mer réchauffée par les effets hydrologiques de la ruine des forêts, des sols et des zones humides.

❓ D’où viennent les pluies torrentielles d’Europe Centrale ?

👉 En partie de l’humidité issue de la Méditerranée, qui aurait dû se déverser sous forme de pluie sur les montagnes de l’intérieur.

❓  Que faire à ce sujet ?

👉  Premièrement, cesser de détruire les forêts, les sols et les zones humides. Et deuxièmement, commencer à restaurer les forêts, les sols et les zones humides.

Le sujet de la dégradation de la forêt méditerranéenne n’est pas nouveau, mais on constate aujourd’hui que le seuil qui permettait à la pluie de tomber a été dépassé. Il faut donc urgemment changer d’approche, notamment en matière d’aménagement territorial. Et ces problématiques ne concernent pas que l’Espagne, alors que les Pyrénées Orientales, notamment, connaissent une intense sécheresse. Ou comme Millán le dit à sa manière imaginative, il faut commencer à « cultiver les tempêtes ».

C’est un des objectifs de l’Autoroute de la Pluie : la création d’une continuité écologique proche de la ligne de partage des eaux Méditerranée / Atlantique doit permettre à cette humidité qui vient de la mer de précipiter sous forme de pluie.

L’article est accessible ici : https://www.resilience.org/stories/2023-07-17/millan-millan-and-the-mystery-of-the-missing-mediterranean-storms/

Est-ce que Toulouse repousse les pluies ?

Sur cette image du cumul annuel de pluie, issue du site meteo60, on voit clairement trois phénomènes essentiels.

☔ la pluie entre massivement par la forêt des Landes, qui joue un rôle de pompe biotique et attire les pluies

🏖️ au bord de la Méditerranée, il ne pleut pas. Est-ce à cause de la faiblesse de la végétation au métabolisme ralenti qui s’y est installé ? 

☀️l’aire urbaine de Toulouse repousse les pluies.

Alors qu’il a plut au moins 700 mm de Bordeaux à Castelnaudary, on voit clairement une bulle de 50 km de rayon autour de Toulouse, bien au-delà de la cuvette si souvent invoquée pour les canicules, avec un déficit de 200 mm. La pluie qui revient entre Pamiers et  Castelnaudary semble disculper l’influence méditerranéenne qui remonte, ou bien la ville est un point chaud qui repousse les pluies ? C’est pourquoi il nous semble que c’est essentiellement l’influence du point chaud que constitue l’aire urbaine de Toulouse qui est en cause.

Pour comprendre comment la chaleur sensible influence les pluies, vous pouvez vous référer au documentaire de @Valerie Valette, « DOBRA VODA » – Série Fleurs du Futur (disponible sur youtube).

Une ville, parce qu’il n’y a ni plantes, ni eau dans les sols, est forcément un point chaud. Ce que montre cette carte, c’est que cet impact ne se limite pas à l’environnement minéral. L’influence climatique de la ville s’étend à 50 km en tout sens.

Même les 30 km2 de la forêt de Bouconne au Nord Ouest de la ville ne contrent pas totalement l’effet de la masse urbaine. Il pleut plus au nord de la forêt mais pas au sud. Est-ce lié à la proximité des grandes usines aéronautiques ? Cela laisse présager que la végétalisation des villes ne doit pas se limiter aux grands parcs. Il faut des plantes avec du sol et de l’eau absolument partout, en particulier au-dessus des rues (treilles, canopées)  pour contrer l’albédo du goudron. Il faut organiser l’infiltration de l’eau là où elle tombe, pas dans de grands bassins à l’extérieur (voir le concept de “ville-éponge” pour plus de détail). Les canicules deviennent dangereuses.

Végétaliser les villes massivement pour avoir de la pluie et de l’eau dans les sols est la seule option raisonnable pour contrer le phénomène.

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