Initiative de réappropriation climatique

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Les impacts climatiques de la perte de bocages

Cela fait bientôt 50 ans que l’on s’apitoie sur la situation des bocages. Mais quel est l’impact d’un point de climatique ?

“La destruction inconsidérée du bocage perturbe les équilibres biologiques essentiels, le lessivage des sols, l’érosion et les changements de microclimats prennent une ampleur jusqu’ici inconnue, irrémédiable.” Cette phrase d’une rare actualité provient d’une archive INA de 1975, qui s’intéresse à la situation dans le village de Gournay, dans les Deux-Sèvres. La vidéo est accessible ici : https://www.facebook.com/watch/?v=1037602723793896

Les témoignages recueillis démontrent la souffrance ressentie par la plupart des agriculteurs concernés par le remembrement, qui a dans ce cas essentiellement servi à l’extension de quelques grandes exploitations céréalières. Un éleveur caprin y décrit les surfaces remembrées comme des déserts pour ses chèvres en hiver tandis qu’un agriculteur fait valoir l’intérêt des haies pour protéger ses cultures des vents d’ouest et des hivers froids.

Un rapport d’avril 2023 du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et intitulé “La haie, levier de planification écologique” rappelle que 70% des haies ont disparu des bocages français depuis 1950. Le rapport peut être téléchargé ici: https://agriculture.gouv.fr/telecharger/136479

Cette dynamique doit s’inverser pour adapter les cultures aux effets du changement climatique. Car le bocage a l’immense avantage d’offrir une certaine inertie climatique, à la manière des océans, en protégeant les cultures tant du froid que du chaud. L’étude “Caractériser et suivre qualitativement et quantitativement les haies et le bocage en France”,https://www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2019-4-page-16.htm,  recense les services suivants rendus par les bocages:

👉 un rôle dans l’épuration de l’eau

👉 un rôle de séquestration de carbone

👉 un rôle de réservoir de biodiversité👉 un rôle paysager

On peut ajouter que le bocage permet de:

👉 freiner l’érosion et infiltrer l’eau

👉 favoriser l’évapotranspiration grâce à l’existence d’un écosystème stratifié

👉 capter la rosée

On pourrait également postuler qu’une généralisation des cultures bocagères permettra une augmentation liée de microclimats. Prises ensembles, ces myriades de microclimats pourraient avoir un impact macro sur le climat du territoire. Ce serait trop bête de ne pas essayer !

Les changements de pratiques agricoles sont plus que jamais nécessaires et bénéficieront à tous, à condition que les agriculteurs soient convenablement accompagnés dans cette transition.

L’illustration du post provient de l’excellent outil “Remonter le temps” de l’IGN qui permet de comparer des territoires à plusieurs périodes, disponible ici:
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-0.062248&y=46.149354&z=15&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&mode=doubleMap

Le massacre des prairies

En nous basant sur le rapport de l’Agreste sur l’occupation du sol entre 1982 et 2018 (https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Dos2103/Dossiers%202021-3_TERUTI.pdf) nous avons pu constater que la France métropolitaine, malgré une augmentation des surfaces forestières, perd  450 terrains de foot ⚽ par jour de végétation pérenne depuis 40 ans ! Soit au total 4.12 million d’hectares ou 7.5% de la surface (et encore on a considéré au bénéfice du doute que “Autres sols artificiels” correspondait aux talus, parcs et jardins). 

On est loin de l’image d’un territoire en train de se renaturer. Les principales mutations qu’on observe sont l’artificialisation des terres et le retournement des prairies. 

Évolution en millions d’hectares des surfaces sans végétation pérenne : 

  • Champs : +2,69
  • Bâtit et revêtus : +1,26
  • Eau : +0,17

Évolution en millions d’hectares des surfaces avec végétation pérenne : 

  • Forêts : 1,39
  • Autres sols artificiels : 0,78
  • Vignes / Vergers : -0,42
  • Landes : -0,57
  • Haies : -0,69
  • Prairies  : -4,61

Ce qu’on comprend au travers cette étude, c’est que s’il est essentiel de  protéger les terres agricoles 🚜 de la prédation des villes 🏢, il faudrait aussi protéger les prairies 🐑 🐄 du retournement 🚜. Car des plantes annuelles qui fonctionnent quelques mois de l’année comme le blé, le maïs, la betterave ou le tournesol ne remplacent pas un mélange de plantes pérenne du point de vue des services écosystémiques. 

Cette illustration issure du site https://dyckarboretum.org/ nous montre la puissance des plantes prairiales (le gazon est tout à gauche) 

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