L'Autoroute de la pluie

Initiative de réappropriation climatique

Et si l’arbre était plus qu’un simple élément de décor du paysage?

Image réalisé par trogne.fr

🌻 accueil de la biodiversité : les arbres fournissent un habitat précieux pour de nombreuses espèces animales. Ils abritent une biodiversité incroyable : insectes, amphibiens, rongeurs, oiseaux. Ils cultivent dans leurs racines un microbiote pléthorique et de nombreux champignons

🍒 production de fruits et de bois : l’utilisation des arbres pour produire des matériaux, de l’energie et des denrées offre des possibilités infinies. En comparaison à d’autres cultures, les arbres demandent très peu d’efforts

⛈️ rôle climatique : l’un des rôles les plus importants des arbres est leur capacité à produire de l’oxygène. Grâce au processus de photosynthèse, les arbres absorbent le dioxyde de carbone et libèrent de l’oxygène. Ils jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique en capturant et en stockant de grandes quantités de carbone. Ils protègent du vent et créent de l’ombre et de la fraîcheur.

🐝 favoriser les auxiliaires : les arbres constituent des réservoirs d’auxiliaires prêts à intervenir. Larves de syrphes et de coccinelles prêtes à dévorer des pucerons, chauve-souris contre les moustiques, punaises se nourrissant de psylles.

⛰️ paysages : le simple fait d’être entouré d’arbres réduit le stress. Celui des humains. Celui des animaux. Celui des plantes. L’irrégularité des parcs et des forêts permet de s’aérer et de se détendre. Ils contribuent à notre santé.

🍞 agronomie : l’effet des arbre sur la vie et la fertilité des sols est établie par la pratique de l’agroforesterie. Le bocage et les joualles en sont des formes traditionnelles.

🚿 rétention de l’eau : les arbres jouent un rôle crucial dans le cycle de l’eau. Leurs racines absorbent, filtrent et infiltrent. Ils stoppent l’érosion. La condensation et l’émission de pollens jouent un rôle essentiel dans la survenue des pluies

🐄 bien être animal : des arbre dans un pré, abrite les animaux des intempéries. Il leur permet de se gratter et leur fournit la matière ligneuse dont ils ont besoin.

Planter des arbres forestiers, urbains, champêtres, soutenir la gestion durable des forêts, promouvoir la régénération naturelle, la reforestation, lutter contre la déforestation sont des actions essentielles.

Il n’y a pas de nuages au dessus des déserts

L’image suivante issue d’un article de 2015 publié par la NASA () illustre l’ennuagement moyen sur la période 2002, 2015. L’article associé détaille un certain nombre de phénomènes physiques observables ainsi que les limites des observations ayant permis cette construction.

Cette image illustre parfaitement le questionnement suivant :

💡Là où il n’y a pas de nuages, il n’y a pas de plantes

💡Là où il n’y a pas de plantes, il n’y a pas de nuages 

❓est-ce la pluie 🐔 qui fait les plantes 🥚ou les plantes🥚 qui font la pluie🐔 ?

Le consensus scientifique autour de ce questionnement est en train d’évoluer, notamment autour entre autres des travaux de Victor Gorshkov et Anastassia Makarieva qui ont mis en évidence l’importance de l’évapotranspiration dans les grands flux climatiques.

Dans ce contexte, il nous semble essentiel d’associer les actions de végétalisation fussent-elle minimes d’un suivi climatique précis afin de construire des abaques et défaire le mythe qu’il n’y a que des actions  hors de portée qui pourraient nous aider à passer le cap de cette difficile transformation ?

#climateaction #regeneration

Comment parvenir à végétaliser de grandes surfaces ?

Dans une synthèse de 2020, la fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) revient sur le projet de Grande muraille verte initié par le très charismatique président du Burkina Faso, Thomas Sankara, au milieu des années 80.

La grande muraille verte (source : UNDP)

Suite aux grandes sécheresses qui ont sévi au Sahel dans les 60 et 70, une plantation continue de 7000 km d’arbres est lancée. Son but est de contrer l’avancée du désert.

Même si le désert n’avance pas vers le sud comme on pouvait le craindre, reverdir le Sahel reste un objectif important comme le souligne le GIEC dans ce rapport de 2022, page 74.

Mais ce projet a englouti des sommes faramineuses pour un résultat souvent décevant. Les arbres plantés ne sont pas adaptés, pas entretenus et meurent. Paradoxalement, seules les plantations à visée commerciale réussissent.

Cet échec à plusieurs causes. Notamment, le choix des essences souvent peu à même de survivre sans entretien. Mais c’est surtout le régime foncier et le statut de l’arbre qui sont les principaux obstacles. Par l’effet d’un reliquat du droit colonial, l’agriculteur n’est pas propriétaire des arbres sur les parcelles qu’il exploite. Sa présence n’est donc qu’une contrainte. C’est la levée de cet obstacle social qui permettra au projet de vraiment décoller.

Parallèlement, certains agriculteurs développent une forme d’agriculture originale, le zaï, qui favorise la germination des graines d’arbres déjà présentes dans le sol. De cette conjonction de facteurs émergera la pratique du bocage sahélien qui fait le succès du verdissement du Sahel. 

L’agronome australien Tony Rinaudoà qui Arte a consacré un documentaire a contribué à favoriser la diffusion de cette pratique oubliée dans les années 80. Il a commencé à appliquer cette pratique au Niger, après plusieurs années de vains efforts de reforestation. En impliquant les communautés villageoises, les résultats y ont été spectaculaires : « Dans les années de sécheresse, les récoltes étaient infiniment plus abondantes sous les arbres… Je ne sais pas comment le principe s’est disséminé, mais de paysan en paysan, le mot a circulé tant et si bien qu’en une vingtaine d’années, ce sont 200 millions d’arbres qui ont poussé au Niger, sans en planter un seul. »

Favoriser l’émergence de la végétation spontanée s’appelle la régénération naturelle spontanée. Cette approche permet de végétaliser les espaces solidement et à peu de frais, puisque c’est le stock de graines déjà en place qui va s’exprimer. 

Mais ce que montre cette expérience c’est que si la régénération est spontanée, le démarrage du processus ne peut se faire que lorsque les conditions agronomiques et sociales sont réunies. Que seraient ces conditions dans la France d’aujourd’hui ? Nous essaierons dans de prochains post de le définir et de tracer un chemin pour y aboutir.

Les lapins🐇font-ils tomber la pluie ☔ ?

Dans une conférence intitulée “Les déclencheurs biologiques de la pluie” donnée  dans le cadre du Festival Jardin Forêt (merci Samuel Bonvoisin), Cindy Morris relate comment une variation du régime de pluie a été constaté dans le sud ouest australien lors du développement de la culture du blé.

A Nöel 1859, 24 lapins Anglais arrivent à Melbourne comme cadeau pour Thomas Austin qui souhaitait introduire ces créatures dans sa propriété : “Quelques lapins pourraient faire peu de dégâts et donner un peu de réconfort, en plus d’être un endroit pour chasser”. Comme le fait remarquer science (https://www.science.org/content/article/19th-century-farmer-may-be-blame-australia-s-rabbit-scourge) l’expérience a réussi au-delà de toute espérance ! A tel point qu’en 1887, Louis Pasteur propose d’utiliser le choléra des poules pour réduire la population de ces rongeurs  en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cette idée débouchera sur la création et la dispersion de la Myxomatose, redoutable mais insuffisante. Aujourd’hui encore la pullulation des lapins coûte des millions de dollars par an aux agriculteurs Australiens. 

Venons en aux pluies. 

En désespoir de cause, pour développer la culture du blé, l’Australie occidentale décide en 1901 de déployer une barrière de 3250 km pour se protéger des nuisibles. C’est la State Barrier Fence of Western Australia qui existe toujours.  A l’ouest de la barrière c’est la plaine australienne native, à l’Est des champs de céréales à perte de vue. Quelques temps après, des chercheurs remarquent que les nuages semblent suivre la barrière.

🧭 la zone à l’Ouest de la barrière est bien plus nuageuse que celle de l’Est

🌊 pourtant la zone Est est plus susceptible de bénéficier d’entrées marines

Une étude du phénomène menée à partir de 2005 par l’université d’Alabama et publiée en avril 2011 dans “Journal of Geophysical Research Atmospheres” (https://www.researchgate.net/publication/241528032_The_role_of_land_use_change_on_the_development_and_evolution_of_the_west_coast_trough_convective_clouds_and_precipitation_in_Southwest_Australia) montre que c’est en fait le changement d’affectation des sols qui est à l’origine du phénomène. Il pleut moins sur des plantes annuelles aux racines moins profondes et à l’étalement temporel et spatial moins varié, que sur la végétation native plus variée et ce malgré les lapins !

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