Initiative de réappropriation climatique

Catégorie : Génie agroécologique

Les photosynthèses

‼️ 🌵 🌾 Il y a, derrière un discours marketé sur certaines plantes qui capteraient plus de CO2, un point qu’il faut éclaircir.

Il y a, derrière un discours marketé sur certaines plantes qui capteraient plus de CO2, un point qu’il faut éclaircir. 

La photosynthèse est une réaction chimique qui utilise la lumière et un “donneur d’électrons” pour transformer du CO2 en autre chose. Le donneur d’électrons peut être du fer, des nitrites, de l’hydroxyde de soufre ou d’arsenic. C’est généralement de l’eau. On la retrouve chez les algues, les plantes et certaines bactéries (les cyanobactéries). La photosynthèse à base d’eau, celle des plantes, est dite “photosynthèse oxygénique”. Elle décompose l’eau et le CO2 pour produire du sucre, de l’eau et de l’oxygène. 

6CO2 + 24H2O C6H12O8 + 12O2 + 12H20

Schéma issu de l’étude source de cet article

Pour la majorité des plantes (celles qu’on appelle C3), cette réaction est associée à une activité coûteuse en énergie et en eau qu’on appelle photorespiration. Cette stratégie ne permet qu’une production de biomasse moyenne, mais elle est très adaptée à des conditions climatiques variables. On considère généralement qu’il existe un optimum thermique de 25°C. Ce type de photosynthèse permet de capter 1 gramme de carbone pour 400 g d’eau.

Une autre stratégie (C4) permet d’éviter la photorespiration. Le processus de photosynthèse est effectué dans deux cellules distinctes. L’optimum thermique passe à 35° C et la plante utilise seulement 250 g d’eau pour fixer 1 g de carbone. C’est la stratégie des plantes tropicales comme le maïs, le sorgho, la canne à sucre et le mil.

Mais C3 et C4 ont une faiblesse : la plante doit pouvoir evapotranspirer en même temps qu’elle fait de la photosynthèse. S’il fait trop chaud, la plante peut donc soit fermer ses stomates pour préserver son eau et cesser toute activité métabolique, soit continuer la photosynthèse, quitte à tomber en stress hydrique.

Seules les plantes CAM, c’est à dire essentiellement les plantes grasses, les cactus, savent gérer cette situation. Comme les C4, ces plantes effectuent leur photosynthèse en deux temps. La nuit, elles effectuent les échanges gazeux, puis le matin, après s’être gorgées de rosée, elles ferment leur stomates et finissent de métaboliser le CO2 absorbé durant la nuit sans perdre une goutte d’eau. Leur optimum est de 35°C le jour et de 15°C la nuit, car l’échange gazeux ne peut se faire qu’avec une certaine chaleur. Mais c’est seulement 50 g d’eau qui leur faut pour capter 1 g de CO2.

Il n’y a pas donc des plantes qui captent plus de CO2, il y a des plantes qui à volume d’eau constant vont faire plus de biomasse et des plantes qui sont davantage capables que d’autres de fonctionner quand il fait chaud.

#co2 #plantes #photosynthèse

Les moutons de mer (ou moutons à fleur) volent les chloroplastes des algues qu’ils consomment pour faire eux mêmes de la photosynthèse. Image accessible ici.

Voir l’étude « Exploring natural variation of photosynthesis in a site-specific manner: evolution, progress, and prospects » pour la source bibliographique.

Zaï et lutte contre la désertification au Niger

⚒️🏜️Suite sur la lutte contre la désertification au Sahel – Comment le zaï permet la régénération massive d’écosystèmes dégradés au Niger ? 🌱🌴

Ces images sont issue de la vidéo d’Andrew Millison

Une vidéo d’Andrew Millison, publiée en novembre 2024, est particulièrement motivante. Cet enseignant en permaculture est un vidéaste populaire sur Youtube avec plus de 500.000 abonnés. Cela lui permet de diffuser massivement les bonnes nouvelles de la planète, car il y en a encore !

La vidéo au cœur de ce post concerne la restauration de 300.000 hectares au Niger, en dix ans. Les résultats sont parlants, comme en témoigne l’illustration du post, issue de la vidéo. Pour restaurer ces terres arides et désolées, une myriade de demie-unes ont été creusées par les paysans nigériens. Le déploiement de ces mesures de conservation des sols et des eaux [voir post sur le Burkina Faso, 2] a permis à la végétation de pousser et aux arbres de s’épanouir.

Selon les gestionnaires du projet, la restauration d’un hectare profite au total à 3 hectares, grâce notamment à la protection contre les effets des vents venus du désert. Ils estiment donc que 900.000 hectares en bénéficient. Les bénéficiaires de ce projet font état d’une température de 5 à 9 degrés inférieure dans les zones restaurées par rapport aux terres arides avoisinantes. L’agroforesterie est décidément une mesure de remédiation climatique très efficace.

La vidéo se concentre sur une zone de 800 hectares de ce projet nigérien. Le déploiement de ces méthodes traditionnelles de gestion de l’eau aurait déjà permis aux aquifères, jusque-là menacés d’épuisement, de recommencer à se remplir. Enfin, sur l’ensemble du projet au Niger, 500.000 personnes auraient été “mises en sécurité alimentaire” grâce à la régénération de ces terres agricoles.

Ce projet s’insère dans la démarche plus large, et titanesque, de Grande Muraille Verte en Afrique subsaharienne, qui vise à freiner voire à inverser la désertification de 11 pays du Sahel. Cette muraille doit relier Dakar (Sénégal) à Djibouti et porte sur 117.000 km 2 (11,7 millions d’hectares).

Nous explorerons plus en détail les impacts déjà constatés de la Grande Muraille Verte dans de futurs posts.

Si Andrew Millison est parfois un peu trop enthousiaste, sa capacité à rayonner sur les réseaux en fait définitivement un porte-parole du mouvement de promotion de l’agroécologie. Ses vidéos sont réalisées avec soin, ce qui permet au message de rayonner au-delà du cercle des convaincus.

Car pour déployer d’ambitieux projets basés sur l’intensification agroécologique, toutes les forces vives seront nécessaires. C’est ce à quoi s’attelle notre collectif !

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