🏞️Nous entendons à juste titre beaucoup parler de la perte des haies et du bocage. Toutefois, réalise-t-on l’importance du déclin des mares qui ont longtemps maillé nos territoires agricoles ? 🐸
Car c’est un fait : les mares sont en voie de disparition. Ainsi, “de nombreux pays industrialisés ont perdu de 50 à 90 % de leurs mares, directement en relation avec l’aménagement du territoire”. En France, “entre 30 et 40 % des mares ont disparu depuis 1950 en France et leur effectif est dix fois moins élevé qu’au début du siècle dernier. De plus, l’immense majorité des mares restantes est abandonnée” [étude de 2013]. En outre, “on estime qu’il y aurait sur Terre 3 milliards de mares de 100 à 1000 m², soit une surface de 0.8 milliards de km² ou 20 mares par km² […]. Les mares agricoles, à elles seules, représenteraient 77.000 km² à l’échelle mondiale” (selon cette étude).
Peu de sources récentes sont aisément accessibles pour évaluer la tendance depuis 2013. Et ce sujet est oublié des rares médias qui accordent encore une place aux questions de climat, de biodiversité et d’agroécologie.
Pourtant, les bénéfices des mares et milieux apparentés sont énormes :
🟢 Ce milieu présente les meilleures capacités de stockage de CO2. En volume, les zones humides stockent plus de CO2 que les sédiments océaniques pour une surface bien plus restreinte. Et les petites zones humides stockent davantage que les grandes par unité de surface [2].
🟢Ce milieu facilite grandement la gestion du trop plein et du manque d’eau
▶️une mare retient l’eau et recharge les aquifères
▶️ elle constitue également une réserve pour le bétail, les maraîchers, voir les céréaliers
🟢Une mare filtre l’eau grâce aux plantes qu’elle abrite
🟢Une mare a un rôle pivot pour la biodiversité, et renforce les corridors existants
🟢L’importance économique des mares n’est pas quantifiée à notre connaissance, mais elle est énorme tant ces services écosystémiques sont essentiels.
Le sujet de la mare, entendu comme un système de stockage des excès de pluie en période hivernale, se pose avec une acuité grandissante. Selon les projections climatiques, en France les périodes de sécheresses seront plus fréquentes et plus longues. Il sera alors opportun de disposer de stockages. Stocker l’eau ne doit pas être un tabou, à condition de ne pas multiplier des méga bassines privatisant la ressource.
En plus de réhabiliter les mares abandonnées, une voie médiane et réaliste serait donc de favoriser l’implantation d’un maillage important de noues et keylines et de fermer certains fossés.
En outre, toujours selon les projections, le Nord de la France sera particulièrement arrosé. Il faudra alors faire face à des cumuls de précipitations très importants, la période octobre 2023-octobre 2024 étant un avant-goût.
Avant de restaurer toutes les zones humides drainées frénétiquement, la réinstallation de mares apparaît comme un horizon atteignable à moyen terme.
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