🌴🌊🌴Énième constat alarmant, les écosystèmes de 50% des mangroves menacent de s’effondrer : “en l’absence d’amélioration significative d’ici 2050, le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer entraîneront […] la perte de 1,8 milliard de tonnes de carbone stocké dans les mangroves.” L’alerte provient d’une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). 🌴🌊🌴
Les services écosystémiques qu’offrent les mangroves sont probablement sous-estimés. Généralement, leurs capacités de stockage du carbone, leur rôle pour la pêche et leurs capacités d’atténuation des vagues violentes et des inondations sont mises en avant. Les mangroves pourraient également réduire la concentration en nitrates apportés par les eaux usées (selon une autre étude de l’UICN).
La notion de carbone bleu est utilisée pour décrire la séquestration du carbone par les mangroves, les marais côtiers et les herbiers marins. D’après l’étude Blue carbon as a natural climate solution de 2021, la restauration de ces écosystèmes permettrait la captation d’environ 3% des émissions annuelles mondiales de CO2 (base 2019-2020). L’enjeu est donc loin d’être anodin.
En outre, l’étude Mangroves provide blue carbon ecological value at a low freshwater cost permet de comprendre certains mécanismes liant mangroves et eau douce. Ce papier de 2022 démontre la très faible utilisation d’eau douce des espèces végétales des mangroves (communément désignées sous le terme de “palétuvier”).
Mais les mangroves et autres zones humides côtières pourvoient également de l’eau douce. En effet, elles filtrent l’eau de mer pour leurs besoins hydriques. Ce faisant, malgré une évapotranspiration moindre que les écosystèmes forestiers classiques, une partie de l’eau que cette végétation transpire s’intègre au recyclage des pluies. Le cycle de l’eau est donc alimenté par ces zones humides qui dessalent l’eau de mer à peu de frais.
Un louable projet tente d’imiter le fonctionnement des mangroves pour le dessalement de l’eau de mer, comme le mentionne cet article. Le but n’est pas de jeter l’opprobre sur ce projet basé sur le biomimétisme. Bien au contraire, des innovations sont nécessaires pour faire face aux situations de stress hydrique intense. Toutefois, ce projet dépend de la technologie et d’ingénieurs.
Ce sont plutôt les solutions fondées sur la nature qui doivent être développées massivement, pour éviter de recourir à des solutions palliatives, coûteuses et dépendantes de la disponibilité en composants électroniques.
A la manière d’autoroutes de la pluie, le soutien de ces”catalyseurs de pluies” devrait être massivement soutenu.
Enfin, alors que le trait de côte a connu une érosion record cet hiver en Nouvelle-Aquitaine (20 mètres de recul à Soulac), il est critique de se pencher sur l’opportunité de rendre certains espaces littoraux à la végétation, tant pour la beauté de la nature que pour la sécurité des riverains.