🌪Pourquoi les orages d’été s’abattent-ils de moins en moins en Méditerranée ? 🌤

Cette question, Millán M. Millán, directeur du Centro de Estudios Ambientales del Mediterráneo (CEAM) se l’est posée dès 1992. Il est alors chargé d’enquêter sur la diminution des précipitations méditerranéennes par la Commission européenne. Pour lui, les changements massifs d’occupation des sols ont un impact critique sur le climat. Il résume ainsi son crédo : “l’eau engendre l’eau, le sol est l’utérus, la végétation est l’accoucheuse”.

Millán Millán a grandi dans le sud de l’Espagne. Enfant, il parcourait le maquis avec son père, guettant au loin un “nuage à un certain endroit le matin [qui] se déplacerait ailleurs l’après-midi, déclenchant une tempête de pluie”. Pour comprendre la disparition de ces orages estivaux, il a analysé des données météorologiques. Il a alors compris que les brises marines matinales manquaient d’un tiers de l’humidité nécessaire pour précipiter. L’humidité manquante venait auparavant des forêts côtières, qui ont été grandement altérées voire tout bonnement rasées, surtout depuis les années 1950. L’air marin chargé d’humidité n’est désormais plus alimenté par la végétation, il est même réchauffé par les surfaces artificialisées qu’il survole.

Rob Lewis, l’auteur de l’article “Millan Millan and the Mystery of the Missing Mediterranean Storms” synthétise :

❓Où sont passées les tempêtes d’été ?

👉 Elles sont parties, de même que les forêts, les sols et les zones humides.

 ❓ Pourquoi les tempêtes côtières s’aggravent-elles ?

👉 En partie à cause d’une mer réchauffée par les effets hydrologiques de la ruine des forêts, des sols et des zones humides.

❓ D’où viennent les pluies torrentielles d’Europe Centrale ?

👉 En partie de l’humidité issue de la Méditerranée, qui aurait dû se déverser sous forme de pluie sur les montagnes de l’intérieur.

❓  Que faire à ce sujet ?

👉  Premièrement, cesser de détruire les forêts, les sols et les zones humides. Et deuxièmement, commencer à restaurer les forêts, les sols et les zones humides.

Le sujet de la dégradation de la forêt méditerranéenne n’est pas nouveau, mais on constate aujourd’hui que le seuil qui permettait à la pluie de tomber a été dépassé. Il faut donc urgemment changer d’approche, notamment en matière d’aménagement territorial. Et ces problématiques ne concernent pas que l’Espagne, alors que les Pyrénées Orientales, notamment, connaissent une intense sécheresse. Ou comme Millán le dit à sa manière imaginative, il faut commencer à « cultiver les tempêtes ».

C’est un des objectifs de l’Autoroute de la Pluie : la création d’une continuité écologique proche de la ligne de partage des eaux Méditerranée / Atlantique doit permettre à cette humidité qui vient de la mer de précipiter sous forme de pluie.

L’article est accessible ici : https://www.resilience.org/stories/2023-07-17/millan-millan-and-the-mystery-of-the-missing-mediterranean-storms/