Initiative de réappropriation climatique

Mois : mai 2024

L’indice de végétation

Face au réchauffement climatique, il nous semble indispensable de développer  les écosystèmes plante / sol. Ceux-ci sont non seulement ceux qui nous nourrissent, mais également ceux qui nous procurent l’eau et les conditions climatiques dont nous avons besoin pour vivre.

A la base de ces écosystèmes, il y a le cycle de la fertilité. Les plantes nourrissent la vie du sol de leurs déchets (feuilles, fruits, branches, racines, exsudats). Sous l’effet de l’activité biologique, le sol s’aère et se structure. Il devient poreux, spongieux et riche en éléments minéraux, favorable à la prolifération des plantes, qui agradent le sol … Ce cycle est aussi un cycle de l’eau et un cycle du carbone. Sur ce sujet vous pouvez  lire “L’origine du monde” de Marc Andre Selosse parue chez Actes Sud

Pour appréhender de façon globale l’évolution de cet écosystème, nous observons l’indice de végétation (NDVI). C’est une valeur comprise entre 0 et 1, mesurée par satellite, qui permet de déterminer l’activité végétale d’une zone donnée. Ainsi on sait à quel moment une plante pousse et à quel moment les services écosystémiques sont à l’arrêt. 

Voici ce que nous observons sur des parcelles témoin en 2022 

ModalitéNombre de jours avec NDVI > 0.3Indice de végétation moyenIndice de végétation maximum
Blé d’hiver550,410,8
Centre ville00,090,15
Forêt840,560,82
Lotissement640,310,41
Maïs grain irrigué330,300,76
Maison et verger1000,570,72
Prairie aux chevaux1000,470,63
Prairie fauchée1000,560,75
Village1000,490,62

Bien sûr, ce qui est valable pour 2022 ne le sera pas forcément pour 2023, mais nous tirons quand même de cette étude trois conclusions. 

  • En ville, il ne suffit pas d’ajouter quelques arbres pour avoir un effet significatif. Lorsqu’on pense végétalisation, l’image qu’il faut avoir en tête est celle des lotissements et des quartiers périphériques largement pourvus en squares et jardins. On peut ensuite tordre le problème dans tous les sens, cela signifie forcément qu’il faudra réduire la place laissée à la voiture
  • A la campagne, une seule culture annuelle ne suffit pas à faire fonctionner l’écosystème toute l’année. En l’absence d’arbres, il y a de longues périodes d’arrêt qui pourraient être optimisées avec des couverts et de l’agroforesterie. Encore faudrait-il le demander clairement aux agriculteurs, plutôt que de tourner autour du pot avec des mesures techniques absconses. 
  • Les prairies surtout si elles sont arborées sont les meilleurs écosystèmes que nous ayons en termes d’activité végétale. La combinaison herbe + arbre représente beaucoup de végétation sur une longue période. Un pâturage raisonnable permet d’optimiser la pousse de l’herbe et d’accroître la biodiversité.

En guise de conclusion, photo d’une promenade à la campagne. A méditer 

Le premier effet climatique de l’arbre, c’est l’ombre ! 

Sur cette photo, on peut observer que l’ombre des arbres à permis au couvert de se développer, alors qu’en plein soleil rien n’a poussé.

Le pays Dogon est une région d’Afrique de l’Ouest qui s’étend de la falaise de Bandiagara au Mali jusqu’au sud-ouest de la boucle du Niger. 

Par Ferdinand Reus — Flickr [1], CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4633267

Les techniques agricoles des Dogons révèlent des modes d’adaptation particulièrement compatibles avec les conditions arides. Parmi elles, la pratique de l’ombre intermittente qui consiste à parsemer le paysage de juste ce qu’il faut d’arbres pour protéger les récoltes sans les empêcher de grandir.

☀️Garantir les récoltes malgré les canicules et les sécheresses (les cultures produisent 40 % de mieux sous une ombre arborée bien gérée qu’en plein soleil)

🔥 Produire du bois pour l’énergie et la construction sans décimer les forêts

🍃 Produire du fourrage pour les animaux 

Dans ce système agroforestier, la densité est de seulement 40 arbres à l’hectare. Le Faidherbia Albida, un arbre de la famille des légumineuses (Fabaceae) est au centre du dispositif.

Image Jean-Luc Galabert

📗 La synthèse de Jean-Luc Galabert sur l’agriculture Dogon https://lavierebelle.org/techniques-dogons-de-recolte-de-l

📘 Une étude du cirad sur le Faidherbia Albida au sénégal https://agritrop.cirad.fr/391622/1/document_391622.pdf

📙 The Dogon intermittent shade (article de Roland Bunch) https://www.oneearth.org/case-study-1-the-dogon-intermittent-shade/

Les plantes consomment-elles de l’eau ?

Ces graphes remettent en cause une idée reçue ! Celle que les plantes consomment de l’eau.

Les plantes utilisent l’eau. Mais quelle que soit la saison, il y a plus d’humidité dans un sol couvert que dans un sol nu. 

C’est en tout cas ce qu’expose Russell Hedrick.

Il  montre les effets très positifs des couverts végétaux sur l’humidité des sols. On n’en doutait un peu, mais son travail sur le sujet qui est parfaitement objectivé par un système de mesures précises permet de confirmer l’intuition. 

Les écarts sont très net. Vous pouvez simplement comparer les deux graphes. La vidéo détaille  le protocole et l’arsenal utilisé. Ce travail permet aussi, de nuancer fortement le dogme du  sol couvert qui ne se réchauffe pas au printemps, c’est par ici:

👉  https://youtu.be/pE4TmCrLJvs?t=1084

Des mesures précises et un suivi régulier sont le préalable à des résultats sans équivoque 👏

Piloter son activité par des données objectives et se convaincre de la pertinence d’une nouvelle approche  ne nécessite pas forcément de gros moyens :

🥛quelques bon vieux pluvios/verres/seau/pot de fleurs/tubes qu’on relève chaque jours pour savoir où il pleut et combien. 

🌡️des thermomètres placés à des endroits stratégiques pour connaître la température au soleil, à l’ombre, sur et dans le sol.  

🎂un four et une ⚖️ balance pour évaluer l’humidité du sol et la matière sèche des plantes

 🚰 un bocal et une monte ⌚ pour tester sa structure du sol

🚸 des enfants pour compter les vers de terre

📖 un cahier pour noter ses résultats (ou un fichier Drive, pratique pour les graphs!)

Bien évidemment des outils de mesures perfectionnées et un encadrement scientifique, comme dans cette vidéo  facilitent la vie. Ils procurent des données étalonnées et précises. Ils évitent aussi d’avoir à solliciter le voisin chaque fois qu’on s’absente. 

Mais l’important n’est pas que les mesures soient exactes. C’est qu’elles soient réalisées au même moment pour toutes les modalités, répétées et reproductibles (ne pas hésiter à mesurer plusieurs fois pour évaluer l’intervalle de confiance et être critique sur son travail). 

Ainsi, on peut évaluer ce qu’on fait grâce à des critères objectifs et mettre en évidence leur bienfait, ou non, voire comme ici remettre en cause une idée reçue.

Reste maintenant à comprendre pourquoi malgré le besoin d’eau des plantes, leur présence favorise l’humidité des sols (et la dessus on a notre petite idée 😉) 

Et si l’arbre était plus qu’un simple élément de décor du paysage?

Image réalisé par trogne.fr

🌻 accueil de la biodiversité : les arbres fournissent un habitat précieux pour de nombreuses espèces animales. Ils abritent une biodiversité incroyable : insectes, amphibiens, rongeurs, oiseaux. Ils cultivent dans leurs racines un microbiote pléthorique et de nombreux champignons

🍒 production de fruits et de bois : l’utilisation des arbres pour produire des matériaux, de l’energie et des denrées offre des possibilités infinies. En comparaison à d’autres cultures, les arbres demandent très peu d’efforts

⛈️ rôle climatique : l’un des rôles les plus importants des arbres est leur capacité à produire de l’oxygène. Grâce au processus de photosynthèse, les arbres absorbent le dioxyde de carbone et libèrent de l’oxygène. Ils jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique en capturant et en stockant de grandes quantités de carbone. Ils protègent du vent et créent de l’ombre et de la fraîcheur.

🐝 favoriser les auxiliaires : les arbres constituent des réservoirs d’auxiliaires prêts à intervenir. Larves de syrphes et de coccinelles prêtes à dévorer des pucerons, chauve-souris contre les moustiques, punaises se nourrissant de psylles.

⛰️ paysages : le simple fait d’être entouré d’arbres réduit le stress. Celui des humains. Celui des animaux. Celui des plantes. L’irrégularité des parcs et des forêts permet de s’aérer et de se détendre. Ils contribuent à notre santé.

🍞 agronomie : l’effet des arbre sur la vie et la fertilité des sols est établie par la pratique de l’agroforesterie. Le bocage et les joualles en sont des formes traditionnelles.

🚿 rétention de l’eau : les arbres jouent un rôle crucial dans le cycle de l’eau. Leurs racines absorbent, filtrent et infiltrent. Ils stoppent l’érosion. La condensation et l’émission de pollens jouent un rôle essentiel dans la survenue des pluies

🐄 bien être animal : des arbre dans un pré, abrite les animaux des intempéries. Il leur permet de se gratter et leur fournit la matière ligneuse dont ils ont besoin.

Planter des arbres forestiers, urbains, champêtres, soutenir la gestion durable des forêts, promouvoir la régénération naturelle, la reforestation, lutter contre la déforestation sont des actions essentielles.

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