Au-delà de l’aspect visuel, un paysage hétérogène permet de créer de l’ombre sur des surfaces végétalisées. Nous avions déjà évoqué l’ombre intermittente des Dogons.
Cela permet de condensent l’humidité de l’air ou pourrait-on dire, fabriquer de l’eau.
Comment ?
Dès que la température de l’air est inférieure au point de rosée, les molécules d’eau gazeuses s’agglomèrent aux molécules d’eau liquide. L’ombre en permettant de gagner quelques degrés crée un point froid qui peut servir, si l’air est suffisamment chargé en humidité, de surface de déposition. Selon la plante, l’eau déposée sur les feuilles est ensuite absorbée directement puis drainée via les tubes du phloème sous forme d’exsudat racinaire (certains champignons, qui attendaient là quelque chose de plus sucré peuvent même faire accélérer le mouvement). Elle peut également simplement ruisseler jusqu’au sol par l’effet de la gravité.
Faire de l’ombre sur un sol couvert de végétation est important. Dans un paysage fortement stratifié, les plantes du dessus évapotranspirent (par des stomates placées sous les feuilles) et chargent l’atmosphère d’une eau que les plantes du dessous (à l’ombre) peuvent récupérer.
Le matériel végétal possède une inertie thermique moindre que celle du sol. Il refroidit rapidement. Ainsi, Hervé Covès a pu constater qu’il est possible de condenser jusqu’à 3 mm de rosée par jour, y compris en période de canicule, dans un paysage stratifié, alors qu’il ne se passe rien dans une forêt au sol nu!
Comble du raffinement, les plantes ont inventé un moyen d’accélérer l’initialisation du processus en dotant leurs feuilles de petites pointes de structures hydrophile (-OH). Ainsi, pas besoin d’attendre que les premières molécules trouvent une place ou s’accrocher.
Et si c’était en coupant la végétation que l’on asséchait les forêts et le climat?