Le cas du reverdissement massif du plateau de Loess, en Chine, se révèle instructif pour répondre à cette question. En effet, pour lutter contre l’érosion des sols, une zone d’une taille équivalente à la Belgique y a été massivement revégétalisée depuis les années 1980, sur la base d’une approche agroécologique (permaculture et agroforesterie). Les résultats y sont spectaculaires, tant en termes d’activité végétale que d’amélioration de la situation économique des paysans du territoire. Mais qu’en est-il en termes de pluviométrie, et donc de climat ?
Selon certaines études, l’accroissement de la surface végétalisée fait augmenter l’évapotranspiration dans la zone, et donc in fine la disponibilité en eau. Cette vision des choses se retrouve dans d’autres analyses consacrées aux liens entre végétation et eau. Selon cette approche, il ne faudrait pas trop favoriser la végétation, au risque d’assécher les cours d’eau d’un territoire.
Cependant, dans le cas du plateau de Loess, une étude récente “Revegetation Does Not Decrease Water Yield in the Loess Plateau of China” fait ressortir les points suivants:
- L’apport en eau de surface ne diminue pas sur le plateau de Lœss après la revégétalisation.
- L’augmentation plus rapide des précipitations régionales l’emporte sur l’évapotranspiration accrue.
- La revĂ©gĂ©talisation accĂ©lère le recyclage local de l’humiditĂ© et contribue Ă l’augmentation des prĂ©cipitations.
Une autre Ă©tude “The role of ecosystem transpiration in creating alternate moisture regimes by influencing atmospheric moisture convergence” a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Anastassia M. Makarieva (co-autrice de la thĂ©orie de la pompe biotique) et d’autres chercheurs. L’étude juge qu’”une fois qu’un stade plus humide est atteint, une vĂ©gĂ©tation supplĂ©mentaire amĂ©liore la convergence de l’humiditĂ© atmosphĂ©rique et le rendement en eau.”
Dit autrement, la végétalisation massive d’un territoire peut conduire à en modifier sensiblement le climat, pour en améliorer la teneur en humidité.
Fort de ces constats, il apparaît que des politiques judicieuses de déploiement des techniques agroforestières et agroécologiques de grande ampleur permettraient de faire face aux processus de dessèchement en cours.