- Érosion des sols en France : l’agroforesterie face à l’urgencepar romeo
Une agroforesterie d’urgence pour une agroforesterie de long terme !
4 – De quelle urgence parle-t-on ?
Source de la carte Malgré l’augmentation des surfaces forestières, la dévégétalisation du territoire se poursuit. Elle n’est pas liée qu’à l’artificialisation des sols, mais aussi à la disparition de l’arbre champêtre, au retournement des prairies et à certaines pratiques agricoles qui laissent les sols nus la majorité du temps. Nous avons détaillé cela dans de nombreux posts. Cette dévégétalisation entraîne une perte des sols.
Laissés nus, les sols limoneux de la Beauce, très sensibles à la battance et à l’érosion, s’abîment. La baisse du taux de matière organique a rendu ces sols vulnérables. On observe désormais des coulées de boue et des pertes de terre visibles sur terrains plats. Plus de 20 % de la région Centre-Val de Loire, qui inclut la Beauce, subit une érosion annuelle supérieure à 2 tonnes par hectare.
Dans le Lauragais, région de collines argilo-calcaires (terreforts) et de plaines limoneuses, la pente, la nature des sols et les modifications du paysage agricole amènent les risques d’érosion au plus haut. Les épisodes orageux printaniers, sur des sols nus ou insuffisamment couverts, peuvent provoquer des pertes localisées de 20 à 300 tonnes de terre par événement.
La perte des sols n’est pas seulement un enjeu agricole. C’est une menace pour la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau, la biodiversité et l’adaptation au changement climatique. Chaque tonne de terre perdue aujourd’hui réduit la capacité à faire face aux sécheresses, aux inondations et aux besoins alimentaires de demain.
La situation dans le nord de la France illustre parfaitement ce propos. Après des semaines de pluies torrentielles, la région a connu lors de l’hiver 2024 des inondations d’une violence exceptionnelle, engloutissant des villages entiers et dévastant des milliers d’habitations. Ce phénomène, aggravé par la topographie particulière des polders entre Saint-Omer, Calais et Dunkerque, a suscité un émoi national.
Mais à peine quelques mois plus tard, ce même territoire est confronté à une sécheresse précoce et intense : dès le printemps 2025, le nord de la France affiche un déficit pluviométrique record : jusqu’à 80 % par rapport aux normales saisonnières dans certaines zones. Les sols, saturés d’eau en hiver, se retrouvent exceptionnellement secs, rendant les semis difficiles et fragilisant les cultures de printemps. Les agriculteurs témoignent de terres « dures comme du caillou » et de jeunes pousses peinant à lever.
Dans n’importe quelle industrie, de tels événements déclencheraient des procédures d’urgence. Et en ce qui concerne les sols, la procédure d’urgence s’appelle “les arbres”.




